Auteur et réalisateur du film Longyearbyen, a bipolar city, (en français, ville bipolaire) Manuel Deiller est allé à la rencontre des élèves de la formation Réalisateur-Monteur pour leur présenter son travail et en discuter avec eux.
Rencontre avec Manuel Deiller
Acfa Multimédia : Bonjour Manuel. Quel était l’objet de votre intervention à l’école ?
Manuel Deiller : J’ai enseigné à Acfa pendant une dizaine d’années, d’abord en Pratique de l’image et en réalisation, puis en Analyse Filmique et en Histoire du Cinéma. A l’époque, j’avais (et j’ai toujours) une société de production spécialisée dans les films institutionnels et documentaires, Artcam Production.
Je suis revenu à l’école pour présenter mon dernier film. Ce qui m’a beaucoup intéressé dans cette démarche, c’est d’obtenir le retour de personnes pas du tout concernées par le sujet. J’ai pu voir si les élèves étaient sensibles, si le fond du sujet était bien expliqué… J’étais ouvert aux critiques, mais les étudiants sont sortis assez contents de la projection et ont trouvé que le film était assez complet.
Acfa Multimédia : Parlez-nous de Longyearbyen, a bipolar city…
Manuel Deiller : C’est un film sur lequel j’ai travaillé pendant 4 ans. Il est sorti cette année, nous venons d’ailleurs de recevoir un prix du mérite au festival Awareness de Los Angeles. Pour l’instant, nous sommes au tout début de l’exploitation : nous l’avons envoyé à des festivals et nous commençons à multiplier les projections.
Par ailleurs, nous avons signé avec un distributeur pour les ventes internationales, sur les chaînes étrangères (nous avons fait le film en anglais pour un rayonnement plus important). Nous avons gardé les droits pour la France car nous avons des contacts avec Planète + et d'autres chaînes du câble.
Acfa Multimédia : Pouvez-vous nous détailler le sujet ?
Manuel Deiller : Il s’agit d’un documentaire de création sur Longyearbyen, la ville la plus au Nord du monde, dans lequel je me suis lancé il y a quatre ans. Un an après, en septembre 2013, on a fait un premier repérage, à la suite duquel d’autres idées sont arrivées. Cela a apporté de nombreuses modifications sur le scénario. Au tout début, je voulais simplement que l’on découvre un lieu atypique. J’ai ensuite décidé de m’orienter vers son exploitation touristique abusive mais cela ne me satisfaisait toujours pas. Ce n’est qu’après que j’ai réfléchi au fonctionnement de cette ville et à son évolution dans les années futures. Elle est complètement hors norme, en totale contradiction avec la nature qui l’entoure.
Longyearbyen développe énormément de paradoxes environnementaux. C’est l’une des petites villes les plus polluantes d’Europe, et de loin ! Pourtant, elle consomme facilement l’emprunte carbone d’une ville de 20 000 habitants alors qu’elle n’en comporte que 2000. Et encore, je crois être en dessous des réalités ! Cette ville importe tout, elle se fournit en électricité à l’aide de charbon, on y vient en avion, en bateau et il y a énormément de voitures. Cette ville est obligé de développer beaucoup d'infrastructures pour apporter du confort aux personnes qui y vivent, mais c’est trop.
A l’heure des enjeux de réchauffement climatiques, c’est quelque chose qui pose question, qui dérange.
Réaliser un documentaire à l'international
Acfa multimédia : Quelles étaient vos conditions de tournage ?
Manuel Deiller : Elles ont parfois été éprouvantes, car nous avons dû tourner à l’extérieur. On ne pouvait forcément pas rester trop longtemps dehors, surtout pour les interviews pour lesquelles on doit rester fixes. Mais il n’y avait rien de bien méchant. On s’était bien préparé et on avait le matériel adéquate (vestimentaire comme technique).
Comme je l’ai expliqué aux élèves, nous avons habillé la caméra pour qu’elle puisse rester au chaud. Nos batteries se déchargeaient beaucoup plus vite par grand froid, c’est quelque chose auquel nous avons dû prêter attention.
C’est un lieu qui est très international, sous souveraineté norvégienne et pourtant très cosmopolite. Plus de 50 nationalités sont représentées mais tout le monde parle anglais de manière correcte.
Sur place, tout s’est mis en place rapidement, c’est l’avantage de faire un reportage documentaire dans une petite ville. Tout le monde est beaucoup plus atteignable.
Acfa Multimédia : Comment avez-vous financé le film ?
Manuel Deiller : Nous nous sommes tournés (Nina Ardoin la productrice d’Artcam production et moi même) vers un modèle de production indépendante, nous avions tous les techniciens et le matériel en interne. Notre structure est bien établie donc on avait également une trésorerie qui nous permettait d’avancer les frais. Une fois le film tourné, nous avons été aidés par la région Languedoc-Roussillon pour la post-production.
Prochaines projections :
10 et 11 décembre en avant première à Longyearbyen (Arctique)
Page Facebook : https://www.facebook.com/LongyearbyenBipolarCity/